DÉCOFFRAGE N°3 - Les bétons de déconstruction

La valorisation des bétons de deconstruction

Le secteur de la construction est confronté à un défi majeur : réduire son impact environnemental tout en continuant à répondre aux besoins de notre société en matière d'infrastructures. Un enjeu majeur se trouve dans la gestion des déchets générés par le secteur du BTP, notamment les déchets de bétons de déconstruction qui représentent 19 millions de tonnes chaque année en France. Actuellement, 80%² de ces déchets de bétons de déconstruction trouvent une seconde vie dans les travaux routiers. 


La diversité des déchets du BTP 

Chaque année en France, 227 millions de tonnes de déchets sont issus de la réhabilitation et de la déconstruction des bâtiments. C’est le secteur qui émet le plus de déchets sur notre territoire, près de 300 fois plus que les déchets électriques et électroniques (DEEE). 

Parmi eux, les déchets de bétons occupent une part significative – plus de 8% - des déchets inertes, suscitant ainsi un intérêt grandissant pour leur gestion et leur valorisation. Les acteurs de la construction explorent diverses méthodes pour traiter ces déchets : 

  • Le recyclage des bétons provenant de la fabrication du béton (rebuts de production, bétons non utilisés sur chantier…) qui peuvent être réintroduits directement dans la fabrication de nouveaux bétons. 

  • La valorisation des bétons de déconstruction issus de la réhabilitation et démolition des bâtiments. 

Ces approches visent à donner de nouvelles vies aux bétons, contribuant ainsi à la réduction des déchets et à la préservation de l’environnement. 


Les bétons de déconstruction : une ressource abondante à valoriser 

Les bétons de déconstruction représentent une ressource précieuse. Plutôt que de les envoyer en décharge, ces matériaux sont recyclés pour être réutilisés dans de nouveaux projets de construction, y compris les sous-couches routières ce qui permet d’éviter de recourir à des granulats prélevés dans l’environnement. 

Le complément de la norme nationale NF EN 206+A2/CN publié par l’Afnor fin 2022 marque une avancée significative en ce qui concerne l'utilisation des granulats et des sables recyclés issus des bétons de déconstruction. Alors que les règles antérieures autorisaient seulement une proportion maximale de 10 à 20% de granulats recyclés dans les formulations, les sables recyclés, eux, étaient strictement interdits. Le complément national introduit désormais l'approbation de leur utilisation, permettant une substitution jusqu'à 20% pour les sables et 60% pour les granulats recyclés. 

Par ailleurs la norme ciment NF EN 197-6, introduit un nouveau constituant à base de fines de bétons recyclés pour la fabrication de ciments bas carbone. 

  

Bétons de déconstruction et recarbonatation : une révolution écologique pour les sous-couches routières 

Une étude menée par l'Université de Californie sur l'utilisation de bétons de déconstruction dans les sous-couches routières montre que l'utilisation de bétons de déconstruction peut réduire les émissions de CO2 de 30% par rapport à l'utilisation de matériaux vierges. 

Les bénéfices environnementaux du recyclage de ces matériaux sont décuplés par un phénomène naturel : la recarbonatation des bétons. 

La recarbonatation est le processus par lequel le béton absorbe le dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique, formant ainsi du carbonate de calcium (CaCO3) dans sa structure. Elle correspond à une capture d’environ 10% du CO2 émis lors de la phase de fabrication du ciment qui compose le béton. 

C’est d’ailleurs un phénomène dont on cherche à protéger les bétons des ouvrages car il peut contribuer à corroder les aciers, mais il a du sens en fin de vie lorsque les bétons ont été concassés et que beaucoup de surface a été exposée au CO2 contenu dans l’air ambiant. 

  

Recabornatation accélérée : des perspectives encourageantes 

Cette technique consiste à exposer les bétons recyclés à une atmosphère fortement enrichie en dioxyde de carbone (CO2)  - comme celle qui existe à la cheminée des cimenteries - afin d'améliorer leur réutilisation et de réduire l'empreinte carbone des constructions. 

Le projet Fastcarb vise à maximiser les performances de ce stockage accéléré du CO2 et a permis de capturer une proportion plus importante de CO2, soit environ 25 à 30% des émissions liées à la fabrication. 

Il a permis de démontrer la faisabilité industrielle de la carbonatation, en particulier sur le site Vicat de Créchy. Il a également montré que des bétons pouvaient être formulés et produits aussi bien pour des applications BPE que de préfabrication.  

  

Vers une construction plus durable 

L'utilisation des bétons de déconstruction et de la recarbonatation représente une avancée majeure dans la construction durable, réduisant l'empreinte carbone, prolongeant la durée de vie des infrastructures routières, et contribuant à la préservation de l'environnement. Ces approches novatrices et les recherches qui se poursuivent sur la recarbonatation accélérée ouvrent la voie à un secteur de la construction plus respectueux de la planète. 

Sources :

  • UNICEM 
  • ByBéton 
  • InfoCiments 
  • Études de l'Université de Californie

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Laurent LEGAY - Directeur marchés et offre - Vicat